Dermatose nodulaire bovine : exemple du Gers avec 0 cas et des choix à faire

Dermatose nodulaire bovine : exemple du Gers avec 0 cas et des choix à faire

Dans le Gers, la détection récente de foyers de dermatose nodulaire bovine (DNC) dans les Alpes suscite une vigilance accrue.

Tandis que les services de l’État appliquent une politique d’abattage systématique pour éviter la propagation du virus, plusieurs acteurs locaux, éleveurs, syndicats agricoles et Chambre d’agriculture – proposent des solutions alternatives.

Vaccination, isolement des cas, surveillance accrue : autant de leviers envisagés pour limiter l’impact économique, social et sanitaire d’une éventuelle introduction de la maladie dans le département.

Comprendre la dermatose nodulaire bovine (DNC)

La dermatose nodulaire bovine est une maladie virale transmise par des insectes piqueurs, principalement les mouches et taons. Elle touche les bovins domestiques, buffles et zébus. Apparue historiquement en Afrique, elle a progressivement gagné l’Europe, avec des cas signalés récemment en Savoie et en Haute-Savoie. Cette maladie n’est pas transmissible à l’être humain.

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Les symptômes observés chez les animaux infectés sont les suivants :

  • fièvre prolongée,

  • amaigrissement rapide,

  • baisse marquée de la production laitière,

  • nodules cutanés de forme circulaire sur tout le corps,

  • lésions internes pouvant affecter les organes.

Dans les cas graves, la mortalité peut atteindre 10 % du cheptel, ce qui peut entraîner des pertes économiques importantes pour les exploitations.

Le mode de transmission repose exclusivement sur des insectes vecteurs. Le virus, tout comme la langue bleue, ne se multiplie pas dans ces insectes, ce qui limite sa vitesse de dissémination, contrairement à d’autres maladies comme la fièvre catarrhale ovine.

Caractéristiques DNC Fièvre catarrhale ovine
Espèces touchées Bovins, zébus, buffles Bovins, ovins, caprins
Transmissibilité à l’humain Aucune Aucune
Vecteur Mouches piqueuses, taons Culicoïdes (moucherons)
Multiplication du virus chez l’insecte Non Oui
Dissémination Lente, localisée Rapide, expansive
Taux de mortalité (cas graves) Jusqu’à 10 % Variable (rarement élevé)

Le contexte dans le Gers : état des lieux et inquiétudes

Le département du Gers ne compte actuellement aucun foyer confirmé de DNC, mais les professionnels de l’élevage s’inquiètent de son éventuelle introduction. La Chambre d’agriculture du Gers et la Confédération paysanne alertent sur la nécessité de mesures préventives adaptées aux réalités du territoire.

Parmi les préoccupations principales exprimées :

  • présence confirmée d’insectes vecteurs dans la région, en particulier durant la saison estivale ;

  • demande de vaccination préventive, dans l’objectif de constituer une ceinture sanitaire protectrice autour d’éventuels foyers ;

  • critiques sur l’absence de stocks de vaccins et sur le manque d’un plan d’action opérationnel.

Les éleveurs redoutent une répétition des difficultés rencontrées lors de précédentes crises sanitaires, notamment en matière d’indemnisation, de continuité d’activité et de soutien aux exploitations.

L’abattage systématique : une mesure controversée

Classée en catégorie « A » par les règlements sanitaires européens, la DNC implique l’abattage immédiat de tous les bovins d’un foyer déclaré. Cette stratégie vise à éviter toute extension du virus, mais soulève des oppositions dans le Gers.

Les principales critiques formulées sont les suivantes :

  • impact psychologique et économique de la perte d’un troupeau constitué sur plusieurs années ;

  • absence de réponse du ministère de l’Agriculture aux sollicitations conjointes de plusieurs Chambres d’agriculture (Gers, Tarn, etc.) ;

  • manque de concertation avec les acteurs locaux, notamment les organisations professionnelles agricoles.

Les syndicats agricoles demandent une révision de cette approche pour tenir compte du bien-être animal et de la viabilité économique des exploitations.

Il n’y a pas que la France qui agit de la sorte avec ses animaux, par exemple, la Namibie sacrifie des éléphants pour nourrir sa population.

Les alternatives à l’abattage : vaccination, prévention et gestion différenciée

Les structures agricoles du Gers, appuyées par plusieurs syndicats ruraux, proposent une approche différenciée, fondée sur la prévention et la réactivité ciblée. Plusieurs pistes sont mises en avant :

  • isolement des animaux symptomatiques dans des bâtiments fermés, afin de limiter le contact avec les insectes vecteurs et les autres animaux ;

  • abattage uniquement des cas avérés, sur la base d’un diagnostic vétérinaire précis ;

  • renforcement de la surveillance et des prélèvements épidémiologiques sur le terrain ;

  • mise en place d’un plan de vaccination préventive autour des foyers identifiés, comme cela a été testé dans d’autres régions ;

  • adaptation des mesures à la configuration de chaque exploitation, en privilégiant des stratégies proportionnées.

Ces alternatives sont jugées plus acceptables socialement, limitant les traumatismes et préservant la souveraineté alimentaire. Pour choisir un élevage de confiance, découvrez ce guide sur la santé animale.

Stratégie Effet attendu Acceptabilité sociale
Abattage systématique Éradication rapide du foyer, mais perte totale du troupeau Très faible (traumatismes, désaccord massif)
Confinement + abattage sélectif Limitation de la dissémination, préservation partielle du troupeau Bonne (alléger la souffrance, préserver les exploitations)
Surveillance renforcée + vaccination Protection du cheptel au long cours, anticipation de foyers Excellente (proactive, collaborative)

Enjeux économiques, sociaux et de souveraineté alimentaire

Le tissu agricole du Gers repose fortement sur les élevages bovins. La DNC, en cas de mauvaise gestion, pourrait compromettre la pérennité de nombreuses exploitations.

Les contraintes réglementaires européennes, combinées aux exigences de la PAC, renforcent la vulnérabilité du secteur.

Les syndicats insistent sur l’importance de préserver la souveraineté alimentaire et l’emploi rural, notamment dans les zones les plus isolées du département.

Les perspectives et attentes des acteurs locaux

Les acteurs gersois réclament une adaptation réglementaire prenant en compte la diversité des exploitations françaises. Un dialogue renforcé avec le ministère de l’Agriculture est jugé nécessaire pour explorer des pistes intermédiaires entre les exigences européennes et la réalité du terrain. L’objectif partagé est de garantir la sécurité sanitaire tout en assurant la viabilité des exploitations.

Quelle voie pour le Gers face à la dermatose nodulaire bovine ?

Le Gers se trouve à la croisée des chemins. Entre la protection nationale imposée par l’État et la volonté locale de solutions adaptées, l’enjeu est de taille. Il s’agit de préserver la santé publique, le bien-être animal et la souveraineté alimentaire, tout en limitant l’impact économique et social.

La Confédération paysanne, la Chambre d’agriculture et les éleveur·euses du Gers poursuivent le dialogue pour que la prévention, la concertation et l’innovation sociale l’emportent sur la peur et la rigidité réglementaire.

Pour approfondir le diagnostic des maladies animales, consultez ce dossier sur l’hépatite chez le chien.

Sources :

Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
Organisation mondiale de la santé animale (WOAH)
Chambre d’agriculture du Gers, 2025
Confédération paysanne, 2025
Réseau de surveillance épidémiologique animal (ESA Platform, France)
Fédération nationale bovine

 

À propos de l'auteur :

Chris