Quand la teigne s’invite dans la vie d’un chien, elle bouleverse tout le foyer. Cette mycose contagieuse surprend souvent par la rapidité avec laquelle elle se propage parmi les animaux et vers l’humain. Pour éviter une épidémie à la maison, rien ne vaut une bonne connaissance des symptômes, des risques de transmission, des techniques de prévention et des traitements efficaces.
Voici un article complet pour vous permettre d’identifier la teigne du chien, de limiter sa diffusion et de retrouver un quotidien serein avec vos compagnons à quatre pattes.
Qu’est-ce que la teigne chez le chien ?
La teigne chez le chien, c’est une infection fongique portée par des champignons de la famille des dermatophytes. Le principal responsable s’appelle Microsporum canis, mais d’autres champignons pathogènes comme Microsporum gypseum ou Trichophyton mentagrophytes peuvent aussi provoquer cette affection. Ils vivent à la surface de la peau de l’animal, se nourrissant de kératine – la protéine qui compose poils, griffes et couches superficielles de la peau.
- La teigne n’est pas spécifique au chien : elle touche aussi les chats (qui transmettent facilement la mycose à leurs colocataires canins), les rongeurs, les chevaux ou les lapins.
- C’est une maladie zoonotique : la teigne se transmet aussi de l’animal à l’humain, principalement aux enfants ou personnes fragilisées.
- Spores très résistantes : elles survivent pendant des mois dans l’environnement domestique, ce qui complique l’éradication et favorise les rechutes.
- Risque majoré dans certains contextes : les refuges, élevages, pensions ou les milieux peu entretenus sont des terrains de transmission particulièrement propices.
- Sensibilité accrue des animaux fragiles : les chiots, chiens immunodéprimés ou malnutris sont plus à risque.
La rareté de la teigne chez le chien par rapport au chat ne doit pas faire baisser la garde : lorsque le chien partage sa vie avec un chat, tout le foyer peut être concerné.
Comment la teigne se transmet-elle ?
La propagation redoutable de la teigne vient de la facilité avec laquelle les spores fongiques colonisent de nouveaux hôtes. La contamination n’exige pas toujours un contact prolongé ou évident, d’où la discrétion des premières contaminations.
- Contact direct : jeux entre chiens, bagarres, séances de toilettage collectif, ou simple affection partagée suffisent à transmettre la teigne.
- Transmission mère-petits : une chienne infectée peut contaminer ses chiots pendant l’allaitement ou tout échange rapproché.
- Objets souillés : brosse, laisse, collier, niche, coussin ou tapis deviennent autant de foyers infectieux dès lors qu’ils recueillent des poils ou squames d’un animal malade.
- Surfaces environnementales : sol, planchers, moquettes, meubles, cages, enclos, et même terre de jardin sont susceptibles de préserver les spores infectantes pendant de longs mois.
- Via l’humain : les mains ou les vêtements d’une personne ayant touché un chien atteint ou son environnement suffisent pour disséminer la teigne à d’autres animaux du foyer.
Un environnement chaud et humide accélère la prolifération du champignon, tout comme le surpeuplement, le stress et la malnutrition chez l’animal. La teigne, très adhérente, résiste à la dessiccation et attend la moindre faille immunitaire ou blessure cutanée pour investir une nouvelle peau.
| Mode de transmission | Exemples concrets | Délai de contagiosité |
|---|---|---|
| Contact direct | Jeux, bagarres, toilettage, léchage | Immédiat dès la présence de lésions |
| Objets contaminés | Brosses, jouets, coussins, cages | Spores viables jusque 18 mois |
| Surfaces | Parquets, moquettes, canapés | Spores viables jusque 18 mois |
| Humains porteurs | Mains, vêtements après contact | Variable selon hygiène |
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Quels sont les symptômes de la teigne chez le chien et l’humain ?
Chez le chien
Les signaux d’alerte sont parfois trompeurs : chez certains chiens, la teigne s’exprime faiblement, voire pas du tout. Néanmoins, elle est souvent source de désagréments visibles pour les propriétaires attentifs.
- Perte de poils circonscrite : l’alopécie touche des zones arrondies, avec les poils cassés à la base et la peau mise à nu, d’aspect croûteux ou squameux.
- Démangeaisons : parfois significatives, parfois à peine détectables.
- Rougeurs, épaississement de la peau, inflammation autour des plaques sans poils.
- Croûtes ou squames fines sur les zones glabres.
- Griffes atteintes : épaissies, cassantes ou déformées si la mycose s’étend.
- Lésions s’étalant rapidement en l’absence de traitement, gagnant parfois tout le corps en quelques semaines.
- Portage asymptomatique possible : un chien paraît sain mais reste contagieux.
Chez l’humain
- Herpès circiné (tâches en forme d’anneau rouge) : démangeaisons, extension centrifuge des plaques, centre s’éclaircissant.
- Squames, croûtes et desquamation sur les lésions.
- Localisations variables : toutes parties du corps peuvent être touchées, y compris le cuir chevelu (surtout chez l’enfant).
- Démangeaisons intenses pouvant perturber le confort quotidien.
- Surinfection bactérienne possible si grattage intense ou immunité basse.
- Lésions le plus souvent bénignes et réversibles, sauf pour les personnes âgées ou immunodéprimées pour qui la guérison peut être longue.
Comment la teigne est-elle diagnostiquée chez le chien ?
Le diagnostic s’appuie sur une évaluation minutieuse de l’animal, combinant observation, tests et élimination des autres maladies de la peau.
- Examen clinique : zones de dépilation, croûtes, squames ou déformations des griffes guident l’œil expérimenté du vétérinaire.
- Lampe de Wood : certains champignons se révèleront sous une fluorescence caractéristique.
- Prélèvement et observation microscopique : poils ou squames examinés à la recherche de spores ou de filaments mycéliens.
- Culture fongique : prélèvements mis en culture pour identifier précisément l’agent responsable, sa sensibilité aux traitements et éliminer toute confusion.
- Tests PCR : recherches d’ADN fongique si besoin de confirmation rapide et fiable.
Comment différencier la teigne de la gale chez le chien ?
Sachez que les deux maladies peuvent provoquer une alopécie et des lésions cutanées, mais diffèrent par leur agent causal, leur aspect, leur évolution et la gravité du prurit.
| Caractéristique | Teigne | Gale (Sarcoptiques) |
|---|---|---|
| Agent | Champignon dermatophyte | Acarien (Sarcoptes scabiei) |
| Transmission | Animaux contaminés, objets, surfaces Zoonose fréquente |
Contact chien à chien, peu zoonotique |
| Démangeaisons | Souvent faibles ou absentes | Extrêmes et très intenses |
| Emplacement des lésions | Tête, membres, zones localisées, pouvant s’étendre | Oreilles, ventre, coudes, zones peu poilues |
| Aspect | Plaques arrondies dépilées, poils cassés, croûtes fines | Rougeur, croûtes épaisses, excoriations |
| Diagnostic | Lampe Wood, culture, microscope, PCR | Raclages de peau, loupe binoculaire |
| Traitement | Antifongiques, désinfection | Acaricides, désinfection |
Quels traitements pour la teigne du chien ?
Traitement et patience vont de pair pour venir à bout de la teigne. Suivre, jusqu’au bout, la prescription vétérinaire, est impératif. Stopper trop vite le traitement augmente les risques de rechute.
- Antifongiques locaux : crèmes, lotions ou shampoings à appliquer sur les lésions pour limiter la prolifération et l’extension du champignon.
- Antifongiques oraux : comprimés prescrits contre la forme généralisée ou en complément du traitement local, leur durée d’administration va généralement de 4 à 8 semaines.
- Prise en charge de tous les animaux du foyer : même sans symptôme, chaque animal doit être traité pour éviter l’effet “bascule” de contamination croisée.
- Isolement temporaire de l’animal atteint le temps du traitement afin de réduire le risque de contagion.
- Nettoyage et désinfection systématiques : chaque recoin où le chien circule (tapis, coussins, sol, jouets, couvertures, cage) doit subir un nettoyage régulier avec détergent, et lavage à haute température (60 °C) des textiles.
- Absence de traitement naturel fiable : aucune solution “miracle” maison n’a prouvé une réelle efficacité. Mieux vaut éviter le risque d’aggraver la situation.
- Visite de contrôle en fin de traitement : le vétérinaire réalise des cultures sur prélèvement cutané. Il considère la mycose éteinte après deux tests négatifs à 15 jours d’intervalle.
| Action à mener | But | Fréquence / Durée |
|---|---|---|
| Antifongiques locaux/oraux | Éliminer le champignon sur l’animal | 4 à 8 semaines minimum |
| Traitement de tous les animaux | Éviter la contagion croisée | Jusqu’à guérison confirmée |
| Nettoyage/désinfection environnement | Éliminer les spores persistantes | Au moins deux fois/semaine durant le traitement |
| Suivi vétérinaire (culture mycologique) | Confirmer l’éradication | À la fin du traitement, puis 15 jours après |
Combien de temps mon chien reste-t-il contagieux ?
La vigilance doit durer aussi longtemps que les spores peuvent persister sur votre animal ou dans son environnement. Le risque infectieux maximal est observé au début, mais il ne disparaît jamais totalement tant que la mycose n’est pas éradiquée biologiquement, preuve à l’appui.
- Chien contagieux tant que spores présentes sur la peau, les poils ou l’environnement.
- Avec un traitement adapté, la contagiosité diminue en 2 à 3 semaines, mais il ne faut pas relâcher les efforts de désinfection ni stopper les soins prématurément.
- Guérison officiellement validée après deux cultures cutanées négatives à 15 jours d’intervalle minimum.
- Sans soins, un chien peut rester infectant plusieurs mois, la résistance des spores est extrême (reporté jusqu’à 18 mois dans certains cas).
- En présence de plusieurs animaux, la contamination croisée complexifie l’éradication tant que tous ne sont pas traités et que l’environnement n’est pas parfaitement nettoyé.
Quelques conseils pour prévenir la teigne du chien
- Brosser régulièrement le pelage pour repérer toute perte de poils suspecte et retirer les poils morts.
- Laver fréquemment les zones de couchage, coussins, couvertures, jouets à températures élevées.
- Désinfecter les sols, moquettes, tissus d’ameublement avec des produits adaptés, surtout après la guérison confirmée.
- Isolez tout animal présentant des lésions douteuses (rougeurs, perte de poils, croûtes…) en attendant la visite vétérinaire.
- Limiter les contacts avec les animaux inconnus, errants ou nouvellement adoptés.
- Surveiller la santé de tous les animaux par des examens vétérinaires réguliers, surtout en cas de cohabitation chien-chat ou en collectivité.
- Privilégier une alimentation équilibrée pour soutenir l’immunité.
- Ne jamais ignorer la présence de parasites cutanés : éliminer tiques, puces, et surveiller toute blessure, porte d’entrée idéale pour la teigne.
- Réagir vite à tout symptôme suspect (zone de poils manquants, croûtes, démangeaisons inhabituelles).
À retenir : la teigne du chien n’est pas une fatalité !
- Maladie fongique tenace, chez le chien, le chat et d’autres animaux.
- Se transmet facilement à l’humain : attention notamment aux enfants et aux personnes fragiles.
- Symptômes parfois très discrets.
- Traitement long mais efficace, nécessitant persévérance et hygiène stricte.
- Aucune solution naturelle n’a prouvé son efficacité, il faut faire confiance à son vétérinaire.
- Guérison durable : s’obtient par la combinaison du traitement médical, des mesures d’hygiène environnementale et du suivi vétérinaire.
- Un foyer propre et vigilant reste la meilleure barrière contre cette mycose redoutée.