Les Ehpad français bientôt obligés d’accueillir vos animaux de compagnie ?

Les Ehpad français bientôt obligés d’accueillir vos animaux de compagnie ?

Une révolution se prépare dans les maisons de retraite françaises. Le gouvernement pousse pour que les résidents puissent garder leurs fidèles compagnons à quatre pattes. Découvrez les enjeux de cette mesure qui pourrait changer la vie de milliers de seniors.

Résumé :

  • Le gouvernement soutient l’accueil des animaux de compagnie en Ehpad
  • 86% des Français y sont favorables
  • Les chiens, chats, poissons et oiseaux seraient concernés
  • La mesure pourrait être appliquée dès le printemps

Pour de nombreuses personnes âgées, leur animal de compagnie représente bien plus qu’un simple pet. Il est un membre à part entière de la famille, une source de réconfort et souvent le dernier lien avec leur vie d’avant. Pourtant, l’entrée en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (Ehpad) signifie souvent devoir se séparer de ce précieux compagnon. Une situation que le gouvernement français souhaite aujourd’hui faire évoluer.

Actuellement, les Ehpad sont libres d’accepter ou non les animaux de compagnie. Cette décision est laissée à la discrétion de chaque établissement, créant ainsi une inégalité entre les résidents. Cependant, un vent de changement souffle sur les maisons de retraite françaises, porté par une volonté politique et un large soutien de la population. Il faut dire que l’amitié entre chiens et humains a déjà prouvé ses bienfaits dans de nombreux contextes, renforçant l’argument en faveur de cette évolution.

Une proposition de loi en débat

L’initiative de faire entrer les animaux de compagnie en Ehpad ne date pas d’hier, mais elle prend aujourd’hui une nouvelle dimension grâce à l’action du député LR Philippe Juvin. Ce dernier a en effet déposé un amendement à la proposition de loi « Bien vieillir », visant à inscrire dans la loi le droit des personnes âgées à emménager en établissement avec leur animal de compagnie.

Cette démarche a rapidement trouvé un écho favorable au sein du gouvernement. Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, a clairement affiché son soutien sur les réseaux sociaux : « Je suis favorable (…) à ouvrir la possibilité dans la loi d’accueillir les animaux de compagnie en Ehpad ». Elle a même invité les élus « à se saisir de cet enjeu de société en vue d’humaniser davantage nos Ehpad« . Pour beaucoup, il s’agit aussi de reconnaître les animaux comme êtres vivants et non comme de simples objets, ce qui marque une avancée importante dans la législation.

Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes âgées, a également apporté son soutien à cette initiative, la qualifiant de « très belle avancée ». Cependant, le chemin législatif n’est pas encore totalement dégagé. Si l’amendement a été approuvé par les députés, il a ensuite été rejeté par les sénateurs, préférant laisser le choix aux établissements. Le texte sera donc discuté en commission mixte paritaire le 12 mars, une étape cruciale pour l’avenir de cette mesure.

Les bénéfices attendus pour les résidents

L’enjeu de cette proposition va bien au-delà du simple confort des résidents. Pour de nombreux professionnels et experts, la présence d’animaux de compagnie en Ehpad pourrait avoir des effets bénéfiques significatifs sur le bien-être des personnes âgées.

Tout d’abord, cette mesure permettrait d’adoucir considérablement la transition vers l’Ehpad. L’entrée dans ces établissements est souvent vécue comme une rupture brutale, un bouleversement des habitudes et des repères. Pouvoir garder son animal de compagnie offrirait un point d’ancrage, un lien tangible avec la vie d’avant. Il n’est donc pas étonnant que les adoptions de chats en Suisse soient en hausse, tant le besoin de compagnie animale est universel, quel que soit l’âge.

De plus, la présence d’un animal familier peut jouer un rôle crucial dans le maintien du lien affectif. Pour de nombreuses personnes âgées, leur chien ou leur chat est souvent leur dernier compagnon quotidien. Se séparer de cet être cher peut être vécu comme un véritable déchirement, aggravant le sentiment d’isolement et de solitude. Parfois, certains seniors considèrent même leurs animaux comme enfants légaux, ce qui montre l’importance du lien qui les unit.

Enfin, de nombreuses études ont démontré les bienfaits de la présence animale sur la santé physique et mentale des personnes âgées. Les animaux peuvent stimuler l’activité physique, réduire le stress et l’anxiété, et même favoriser les interactions sociales entre les résidents. Face à la perte d’un animal, il existe aussi des ressources précieuses, comme ces 7 façons de gérer le deuil, qui témoignent de la place centrale de l’animal dans la vie de chacun.

Les défis de la mise en œuvre

Si l’idée semble séduisante sur le papier, sa mise en pratique soulève de nombreuses questions. La première concerne les types d’animaux qui seront acceptés dans les établissements. Fadila Khattabi a déjà précisé qu’il faudrait « être réaliste » : on ne pourra pas apporter « un animal comme un boa ». Les animaux les plus susceptibles d’être accueillis seraient donc les chiens, les chats, les poissons rouges et les petits oiseaux comme les canaris.

Pour encadrer cette pratique, un groupe de travail a été mis en place à Paris. Rassemblant des directeurs d’Ehpad des secteurs public et privé, il travaille sur l’élaboration d’une charte définissant les conditions d’accueil des nouveaux résidents avec leur animal. Cette charte pourrait par exemple prévoir qui pourrait aider le résident à s’occuper de l’animal au quotidien, ou prendre la relève en cas d’hospitalisation. Certaines familles s’organisent déjà pour offrir un accompagnement bienveillant pour familles confrontées à la perte ou à la séparation d’un animal, montrant l’importance d’un soutien adapté.

Les organismes représentant les établissements se montrent favorables à cette évolution, tout en soulignant l’importance d’un cadre clair. Jean-Christophe Amarantinis, président du Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés, insiste sur la nécessité de « cadrer cette pratique dans le règlement intérieur des établissements pour des raisons sanitaires et de cohabitations ». Il rappelle aussi que certaines races de chiens, bien qu’adorées des Français, sont de moins en moins présentes dans les foyers, comme l’explique l’article Découvrez pourquoi

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Arnaud
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