Le problème du chien « trop rond » ne cesse de s’aggraver. Face à une hausse des cas d’obésité canine, nombreux sont les propriétaires à chercher une méthode simple pour contrôler la ligne de leur fidèle compagnon. Peut-on s’inspirer de l’IMC des humains ? Quelles sont les astuces fiables pour juger si Médor a pris du poids ou s’il mérite (vraiment) une plus grosse gamelle ?
Voici toutes les clés, concrètes, visuelles et pratiques, pour comprendre comment évaluer la silhouette de votre chien afin d’assurer sa santé sur le long terme.
Pourquoi le surpoids est-il si courant chez les chiens ?
Une balade un peu trop courte, une poignée de croquettes en plus « pour lui faire plaisir », ou la tentation irrésistible d’une friandise à chaque regard suppliant… Peu à peu, de plus en plus de chiens finissent par dépasser le poids conseillé. Ce n’est pas anodin : selon les dernières estimations, entre 1/4 et presque la moitié des chiens seraient en excès de poids !
- Alimentation inadaptée : les restes de table, les rations surévaluées ou les croquettes industrielles mal dosées peuvent rapidement mener à des apports caloriques trop élevés.
- Manque d’activité physique : certains chiens ne sortent que pour une « balade hygiénique ». Sans exercice adapté, ils brûlent peu d’énergie.
- Friandises et snacks à répétition : biscuits, os à mâcher, petits morceaux de fromages… Même en petite quantité, ils s’additionnent jour après jour.
- Prédispositions génétiques : certaines races (Labrador, Beagle, Carlin, Terrier de Boston, Bouledogue, Golden Retriever, etc.) sont plus sujettes à prendre du poids, parfois même à égalité d’exercice et de nourriture qu’un autre chien.
- Facteurs hormonaux et vieillissement : la stérilisation ou le simple fait de vieillir tend à ralentir le métabolisme et à favoriser l’embonpoint.
- Chien trop maigre ? C’est aussi un déséquilibre : manque d’assimilation alimentaire, parasites internes, ou problèmes de santé plus graves peuvent être en cause.
Prenons rapidement conscience d’une réalité : le poids optimal d’un chien dépend du mode de vie, de la race et de l’individu. Il n’existe pas de recette unique.
L’IMC adapté au chien : la fausse bonne idée ?
On entend parfois dire qu’il suffit d’appliquer la même méthode d’évaluation du poids que pour les humains : l’IMC, ce fameux chiffre obtenu en divisant le poids par la taille au carré. Mais la diversité morphologique du monde canin rend la comparaison totalement hasardeuse.
- L’IMC humain en un clin d’œil :
Catégorie (IMC humain) Interprétation < 18,5 Maigreur 18,5 à 24,9 Poids normal 25 à 29,9 Surpoids 30 et + Obésité
Mais chez le chien, les résultats sont biaisés pour plusieurs raisons :
- Diversité de morphologies : un teckel n’a rien à voir avec un husky ou un mâtin. Le gabarit varie du tout au tout – et la hauteur au garrot n’est pas proportionnelle à la masse musculaire ou osseuse.
- Masse musculaire et densité osseuse : deux chiens de même taille peuvent avoir une musculature opposée (pensez aux lévriers vs staffies) ; leur poids ne reflète pas la même condition physique.
- Distribution des graisses : certaines races stockent plus facilement sur l’abdomen, d’autres sur le dos ; ce que l’IMC ne sait pas différencier.
- Un chiffre trompeur : il risque de masquer un vrai problème ou, au contraire, d’alerter à tort si l’animal est très musclé ou atypique.
Impossible donc de parler d’IMC « canin universel ». La médecine vétérinaire s’appuie sur d’autres repères, visuels et tactiles, pour évaluer le poids de forme.
Pour aller plus loin, consultez nos conseils pour bien nourrir un chien en surpoids.
Les méthodes fiables pour évaluer la silhouette de votre chien
Oubliez la balance et adoptez l’observation et la palpation ! Les vétérinaires utilisent le scoring corporel, ou Body Condition Score (BCS), qui s’adapte à chaque morphologie.
Score corporel | Aspect visuel & au toucher | État nutritionnel |
---|---|---|
1/5 ou 1/9 | Côtes, vertèbres et bassin très visibles, perte musculaire, taille très marquée | Maigreur extrême / Dénutrition |
2/5 ou 3/9 | Côtes palpables, taille très marquée, peu de graisse visible | Légère maigreur |
3/5 ou 5/9 | Côtes non visibles mais facilement palpables, belle taille, ligne abdominale marquée | Poids idéal |
4/5 ou 7/9 | Côtes difficiles à palper, creux de taille peu défini, petit bourrelet abdominal | Léger surpoids |
5/5 ou 9/9 | Côtes impossibles à sentir, abdomen très rond, aucun creux à la taille | Obésité |
- Les principaux gestes à retenir :
- Palpez les côtes : elles doivent se sentir facilement comme sur le revers de votre main (avec une fine couche de graisse).
- Regardez de dessus : la taille doit former un resserrement, sans excès ni bourrelets latéraux.
- Observez de profil : la ligne du ventre doit remonter légèrement après les côtes.
- Palpez la base de la queue : si vous sentez une accumulation graisseuse, attention.
- En pratique : ce scoring est simple à faire régulièrement chez soi et donne un repère beaucoup plus objectif.
- Pensez à demander une démonstration à votre vétérinaire lors d’une consultation pour être sûr.e de bien réaliser ces gestes.
Le saviez-vous ? Certaines races de chiens peuvent vous apporter un maximum de réconfort
Les signes qui doivent faire réagir
Des petits changements à l’œil nu peuvent rapidement s’installer. Voici les signes les plus parlants :
- Votre main glisse sur le flanc sans sentir les côtes sous une couche de graisse ?
- La taille disparaît vue d’en haut, votre chien s’élargit…
- Le ventre gonfle ou pend, surtout chez les femelles stérilisées et les mâles seniors ?
- L’essoufflement vient vite à l’exercice, avec une moins grande envie de jouer ?
- Le poids augmente doucement, année après année, sans vraiment régresser pendant l’hiver ou l’été ?
- Votre animal boite ou semble raide, alors qu’il était souple auparavant ?
- Des troubles digestifs ou des flatulences s’ajoutent à la prise de poids ?
Avoir l’œil, c’est repérer ces détails au bon moment pour éviter une spirale vers le surpoids, et donc pour préserver le plaisir et la santé de votre compagnon au quotidien.
Pour aller plus loin : découvrez combien de fois par jour il faut promener son chien
Pourquoi il ne faut pas sous-estimer le surpoids chez le chien ?
- Maladies métaboliques : comme chez l’humain, un chien « enrobé » a plus de risques de développer un diabète, voire un syndrome métabolique complexe.
- Douleurs articulaires ou arthrose précoce : chaque kilo en trop pèse lourd sur les articulations. Chiens actifs comme chiens de salon y sont sensibles.
- Essoufflement, fatigue et baisse d’endurance : les jeux, les balades et même la montée du canapé deviennent de plus en plus éprouvants.
- Vieillissement accéléré : les études montrent qu’un chien en surpoids vit en moyenne 1 à 2 ans de moins qu’un chien au poids de forme.
- Baisse de la défense immunitaire : l’obésité crée un terrain favorable aux infections diverses et ralentit la guérison des plaies.
- Moins de qualité et d’espérance de vie : le chien partage moins d’activité avec vous, joue moins, semble plus « triste ».
Découvrez les trois races de chiens les plus sujettes au surpoids.
Comparatif d’impact d’un surpoids chez le chien
Poids excédentaire | Conséquences principales |
---|---|
+10 % | Essoufflement, performance en baisse, risque de boiterie |
+20 % | Douleurs articulaires, difficulté à courir, léthargie |
+30 % et plus | Diabète, maladies cardiaques, réduction espérance de vie, problèmes cutanés, difficultés à se lever |
Les pièges fréquents à éviter, même avec les meilleures intentions
- Trop remplir les gamelles : ne pas se fier à « l’appétit » du chien, mais calculer la ration en fonction de son poids idéal, de sa race et de son niveau d’activité.
- Multiplier les extras gourmands : un petit morceau de fromage, un quignon de pain, un bout de jambon… chaque extra s’additionne !
- Manquer de régularité : espaces trop longs entre les repas, pas assez d’activité selon les jours… la routine rassure et stabilise le poids.
- Reporter le contrôle vétérinaire : un petit check-up permet d’ajuster nourriture, rythme de vie et programme d’activité.
Les bons réflexes pour garder un chien en pleine forme
- Calculez la ration idéale : votre vétérinaire, en fonction de son âge, de son poids cible, de la race et du niveau d’activité, est le meilleur conseiller pour trouver l’équilibre parfait.
- Fractionnez les repas : privilégiez 2 prises par jour ou plus pour éviter les excès et faciliter la digestion.
- Réservez les friandises aux récompenses utiles : entraînement, exercices spécifiques… Et optez pour des modèles faibles en calories (légumes crus, biscuits « light ») ou pour de simples caresses !
- Pensez à l’activité physique régulière : même avec un emploi du temps serré, 15 minutes de marche rapide ou de jeu par jour font toute la différence.
- Pesez-le une fois par mois : sur une balance adaptée, surtout chez les petites races où la prise de quelques centaines de grammes est significative.
- Faites le scoring corporel à la maison grâce au tableau ci-dessus pour surveiller l’évolution de sa silhouette.
- Gardez contact avec un professionnel pour tout doute, perte ou prise de poids rapide, baisse de forme ou modification de comportement alimentaire.
En résumé
La clef pour garder son chien en pleine santé ne réside ni dans un chiffre magique ni dans une solution miracle sortie d’internet. Chaque animal a ses propres besoins ! Palper, observer, ajuster ses gestes au fil des saisons et demander conseil à un professionnel sont les meilleures façons de lui garantir énergie, bien-être et longévité. Alors, prêt à regarder votre chien autrement ?
Sources
-
« Body Condition Scoring — Association for Pet Obesity Prevention » (BCS défini et expliqué) Association for Pet Obesity Prevention
-
« Body Condition Scoring (BCS) Systems — AAHA Nutrition & Weight Management Guidelines » AAHA
-
« Canine Body Condition Score Guidelines — ISDVMA » isdvma.org
-
« Physical Examination — Pet Nutrition Alliance » (liée à l’évaluation de la graisse corporelle et BCS) petnutritionalliance.org