Le 2 septembre 2025, deux chevaux sont morts lors d’une course à obstacles organisée sur l’hippodrome de Waregem, en Flandre. L’événement a choqué le public et relancé la discussion sur la sécurité de ce type de compétitions, ainsi que sur la place qu’elles occupent dans la société belge. Cette journée dramatique soulève de nombreuses questions : comment réduire les risques pour les chevaux et les jockeys, quel équilibre trouver entre tradition et bien-être animal, et quelle peut être la réponse des autorités ?
Un événement marquant dans l’histoire de Waregem Koerse
La Waregem Koerse, organisée chaque année depuis le XIXᵉ siècle, est l’une des courses les plus prestigieuses de Belgique. L’édition 2025 restera dans les mémoires en raison de la gravité du bilan : deux chevaux morts, un jockey blessé et un public profondément marqué. Cette course s’inscrit dans une tradition hippique qui fascine autant qu’elle divise, comme l’illustrent d’autres débats publics, par exemple la polémique sur les chevaux de trait à Questembert.
Déroulement des incidents
Selon les informations publiées par les organisateurs et reprises par plusieurs médias, un premier cheval s’est effondré au milieu de la course, probablement à la suite d’un problème cardiaque. Quelques minutes plus tard, un autre cheval a subi une grave blessure lors du franchissement d’un obstacle. L’équipe vétérinaire a tenté d’intervenir sur place mais a jugé l’état de l’animal irrécupérable et a procédé à son euthanasie (RTBF, 2025).
Le jockey impliqué dans le premier accident a été transporté à l’hôpital. Les médecins ont confirmé que son état était stable, ce qui a rassuré les spectateurs et les équipes techniques (VRT NWS, 2025).
Ces événements font remonter les souvenirs d’autres affaires de maltraitance ou de violences contre les chevaux, telles que celle d’un homme condamné dans le canton de Vaud pour avoir tiré sur les chevaux de ses voisins, qui avaient suscité un vif émoi en Suisse.
Voici une vidéo d’archives montrant une chute spectaculaire de jockeys à l’hippodrome Marseille Borély il y a 13 ans. Elle offre un exemple frappant des risques encourus dans les courses à obstacles, et permet de mieux comprendre ce qui se joue quand des incidents surviennent :
Réactions immédiates des organisateurs
Les responsables de l’hippodrome ont publié un communiqué exprimant leur tristesse et rappelant que des mesures de sécurité avaient été introduites ces dernières années : amélioration des sols, adaptation de certains obstacles et présence renforcée d’équipes vétérinaires (Sudpresse, 2025). Ils ont toutefois annoncé qu’un rapport complet serait établi avant l’organisation de l’édition 2026.
Cette communication rappelle combien la société est attentive à la souffrance animale, surtout depuis que des séries d’événements comme les mutilations de chevaux près du Havre ont secoué l’opinion publique en 2020.
Les associations de protection animale prennent position
La mort des deux chevaux a suscité de nombreuses réactions parmi les associations de défense animale, dont GAIA, organisation très active en Belgique.
Position de GAIA sur les courses à obstacles
Michel Vandenbosch, président de GAIA, a souligné que la société belge devient de plus en plus sensible à la condition animale. Pour lui, l’arrêt des courses à obstacles représenterait une avancée majeure.
Cette position s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question de l’usage des chevaux, qu’ils soient utilisés pour le sport ou l’agriculture, comme le montre l’initiative d’agriculteurs qui réintroduisent les chevaux de trait sur l’île de Ré pour des pratiques agricoles plus durables.
Autres réactions du secteur hippique
La Fédération équestre flamande, tout en exprimant ses regrets, a rappelé que ce type de compétition faisait partie d’une tradition ancienne et qu’un grand nombre de contrôles vétérinaires précèdent chaque course. Selon elle, le risque zéro n’existe pas mais les efforts pour réduire les accidents sont constants et basés sur les recommandations des experts équins.
Les enjeux de sécurité dans les courses à obstacles
La question de la sécurité dans les courses hippiques est débattue dans de nombreux pays. En France, des réformes ont été menées depuis 2023 pour réduire la dangerosité de certains obstacles sur l’hippodrome d’Auteuil (Le Monde, 2023). Ces mesures incluent la réduction de la hauteur de certaines haies et l’amélioration de l’amortissement des sols.
Ces drames invitent à réfléchir au rôle du cheval dans la société. L’histoire de l’espèce, marquée par la mutation génétique qui a changé son destin et celui des humains, rappelle combien la relation homme-cheval a façonné nos civilisations.
Aujourd’hui, certains usages, comme l’équithérapie, visent à valoriser un lien plus respectueux, comme l’illustre l’article d’Animal.ch sur l’art de soigner au contact des chevaux.
Les principales mesures de prévention
Parmi les actions mises en place par les organisateurs de courses, on peut citer :
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l’adaptation progressive des obstacles pour limiter les risques de chute
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la présence obligatoire de vétérinaires avant, pendant et après la course
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la mise en place de contrôles de santé préalables pour chaque cheval engagé
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la formation continue des jockeys pour améliorer leur sécurité
Ces mesures, bien que reconnues par les associations professionnelles, ne satisfont pas toujours les défenseurs du bien-être animal qui estiment que le principe même des courses à obstacles reste dangereux.
Les statistiques disponibles
Selon une étude réalisée par la Fédération internationale des autorités hippiques (IFHA, 2024), le taux de mortalité dans les courses d’obstacles est estimé entre 4 et 6 décès pour 1 000 départs en Europe, un chiffre en baisse de près de 20 % en dix ans grâce aux réformes mises en œuvre.
Le contexte belge du débat sur le bien-être animal
La question de la protection animale en Belgique dépasse le seul cadre des courses hippiques. Ces dernières années, plusieurs campagnes de sensibilisation ont été menées sur l’élevage industriel, les abattoirs et les soins vétérinaires.
Actions politiques et législatives
Certaines régions ont déjà interdit des pratiques jugées cruelles, comme la castration à vif des porcelets ou l’abattage sans étourdissement (Parlement flamand, 2022). Des propositions de loi sont également à l’étude pour abaisser le taux de TVA sur les soins vétérinaires afin de faciliter l’accès aux traitements pour tous les propriétaires d’animaux.
Sensibilisation du grand public
Des campagnes de communication régulières, organisées par des associations comme GAIA ou Animaux en Péril, cherchent à informer sur les réalités de certaines pratiques agricoles ou sportives. Ces campagnes ont contribué à faire évoluer la perception du public sur la place de l’animal dans la société belge.
Perspectives et pistes de réflexion
Les décès survenus à Waregem relancent le débat sur l’avenir des courses à obstacles en Belgique. Plusieurs options sont envisagées :
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maintenir les courses mais renforcer encore les mesures de sécurité
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réduire le nombre d’obstacles ou en adapter la conception
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suspendre les compétitions en attendant de nouvelles normes
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interdire purement et simplement les courses à obstacles
Ces pistes divisent les acteurs concernés, entre défenseurs d’une tradition sportive et partisans d’une approche plus radicale de la protection animale.
Points clés à retenir
La tragédie survenue à l’hippodrome de Waregem illustre la tension persistante entre tradition sportive et protection du bien-être animal. Les deux chevaux morts et le jockey blessé rappellent que ce type de compétition comporte des risques importants, malgré les efforts de sécurisation entrepris ces dernières années. Les réactions contrastées de GAIA, des organisateurs et des instances sportives mettent en lumière un débat de société qui dépasse la seule sphère hippique. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si la Belgique choisira de maintenir les courses à obstacles telles qu’elles existent aujourd’hui, de les réformer en profondeur ou d’y mettre un terme.
Sources
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RTBF. 2025. « Waregem Koerse 2025 : deux chevaux morts lors de la course à obstacles ».
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VRT NWS. 2025. « Jockey blessé lors de la course à Waregem, état stable selon l’hôpital ».
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Sudpresse. 2025. « Les organisateurs de Waregem Koerse expriment leur tristesse et annoncent un rapport ».
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IFHA. 2024. Rapport annuel sur la sécurité des courses et la mortalité équine.
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Le Monde. 2023. « Réduction de la dangerosité des obstacles à Auteuil ».
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Parlement flamand. 2022. Débat sur l’interdiction de l’abattage sans étourdissement.