Sur l’île de Ré, les efforts de préservation de la nature prennent un nouveau souffle grâce à deux impressionnants chevaux de trait, Éole et Kézac.
Ces ambassadeurs emblématiques de la traction animale réalisent des travaux agricoles et écologiques dits « doux », tout en recréant du lien avec la population locale.
Focus sur cette initiative unique associant patrimoine, modernité et respect de l’environnement.
Des chevaux de trait au service des espaces naturels : retour au durable
La Communauté de communes de l’île de Ré parie sur des méthodes élaborées pour entretenir ses paysages exceptionnels. Un appel d’offres a ainsi mis en avant la traction animale, permettant à Éole et Kézac, deux chevaux de races locales en danger, d’offrir leur force et leur sérénité aux paysages rétais.
Cette démarche réunit plusieurs enjeux majeurs : écologiques, sociaux et patrimoniaux, doublés d’une efficacité remarquable.
Cela dit, les chevaux de trait à Questembert restent au coeur de la polémique antispéciste.
Caractéristiques | Éole (jument boulonnaise) | Kézac (cheval poitevin) |
---|---|---|
Âge | 11 ans | 5 ans |
Race | Boulonnais | Poitevin |
Naissances/an dans le monde | 650 env. | 60 env. |
Origine | Nord de la France | Poitou-Charentes |
Qualités principales | Robustesse, travail, calme | Force, docilité, rusticité |
Pourquoi la traction animale séduit tant ?
À une époque où le recours aux machines agricoles est monnaie courante, la traction animale tire son épingle du jeu pour plusieurs raisons très concrètes.
- Respect des sols : Le passage d’un cheval laisse peu de traces, là où des machines lourdes compactent la terre et blessent la vie souterraine.
- Impact carbone réduit : Éole et Kézac ne consomment pas de carburant fossile, ils broutent et contribuent eux-mêmes à l’entretien naturel des parcelles.
- Savoir-faire sauvegardé : La traction animale permet de transmettre des gestes et techniques d’antan, dont la précision reste inégalée pour certains travaux.
- Préservation des races : Employer ces chevaux encourage la survie de lignées menacées d’extinction.
- Bénéfices sociaux : Leur présence crée du lien avec la population, améliore la santé physique et mentale invite à la pédagogie et nourrit l’imaginaire collectif.
Lors des chantiers, les chevaux sont hébergés au haras des Évières. Ils s’y reposent avant d’être menés à pied jusque sur le terrain de travail, un échauffement indispensable à leur santé.
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Un chantier-test ambitieux et instructif
Leur première grande mission : le cassage de la fougère aigle au Bois-Plage, sur le secteur de La Pierre qui Vire. Il s’agit d’une intervention ciblée sur un habitat naturel sensible, destiné à rester ouvert et accueillant pour la diversité biologique qui y a élu domicile.
- Sur nos plages et pelouses sableuses, la fougère aigle colonise tout si on la laisse faire, refermant le milieu et empêchant la lumière de parvenir à certaines espèces.
- Sur cette parcelle de 168 hectares (site des Biettes), l’intervention vise à sauvegarder une mosaïque d’habitats emblématiques, riches notamment de l’immortelle des dunes, de mousses et de lichens, tout en préservant la niche écologique du pipit rousseline – petit oiseau rare et discret.
- Le chantier bénéficie d’une observation étroite d’élus locaux et de spécialistes de l’environnement, qui voient dans ce mode de gestion une opportunité durable à l’échelle de l’île.
- Fait marquant : la traction équine offre sur ces milieux sensibles une efficacité évaluée à 60 % supérieure aux machines, tout en affaiblissant les rhizomes de la fougère de manière naturelle et progressive.
- L’extraction sélective de plantes ou le débroussaillage manuel ne sont pas des actes « anti-nature », au contraire, ils favorisent ici la diversité et la beauté des paysages ouverts du littoral.
Actions menées | Objectifs écologiques | Espèces protégées |
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Cassage de fougère aigle | Maintenir l’ouverture des pelouses, limiter la concurrence végétale | Immortelle des dunes, pipit rousseline, mousses, lichens |
Déplacement de troncs sur parcelles sensibles | Empêcher le stationnement sauvage, protéger les habitats dunaire | Flore et faune dunaire variée |
Fauchage de prairies, arrachage d’arbustes | Éviter la fermeture du paysage, favoriser les espèces ouvertes | Herbacées, papillons, oiseaux associés aux milieux ouverts |
Des chantiers variés, un savoir-faire unique
L’effort ne se limite pas à un seul site : Éole et Kézac touchent à tout, selon les besoins de la saison et la stratégie écologique retenue sur l’île.
- Écrasement et affaiblissement des fougères envahissantes : pour pousser la plante à épuiser ses réserves et limiter sa repousse.
- Débardage : les chevaux déplacent des troncs, par exemple à Rivedoux-Plage, pour empêcher le stationnement sur certaines zones protégées du Conservatoire du littoral. Découvrez le championnat de France de débardage à cheval.
- Fauchage manuel : ils taillent la prairie du Défend, préservant le cortège botanique local tout en évitant l’emploi d’engins motorisés bruyants.
- Arrachage ponctuel : chênes verts, arbustes envahissants, le tout dans le cadre du plan de gestion des Évières à La Flotte.
- Transport de matériel : pour les opérations de gestion et de protection dunaire (pose d’obstacles, clôtures, etc.).
Un succès public et une démarche pédagogique
Au-delà de leur efficacité, la présence d’Éole et Kézac séduit les rétais. Les riverains viennent observer, échanger, parfois caresser ces travailleurs paisibles qui évoquent des images d’autres temps.
Les écoles locales, promeneurs, touristes et habitants de tous âges profitent de ces moments uniques pour s’informer sur l’évolution des pratiques agricoles, la biodiversité et la sauvegarde de l’identité insulaire.
- Rencontres sur site : chaque intervention devient prétexte à dialoguer, transmettre, faire découvrir les richesses du territoire et de ses traditions agricoles.
- Retombées positives : bonne acceptation sociale, sensibilité au projet de la CdC, regain d’intérêt pour le patrimoine vivant.
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L’engagement environnemental rétais sous le label « Pays d’Art et d’Histoire »
Portée par cet élan éco-responsable, l’île de Ré affiche fièrement le label « Pays d’Art et d’Histoire », obtenu en 2012 et renouvelé en 2025. Ce distinction acte l’engagement du territoire pour valoriser paysages naturels, architecture vernaculaire et savoir-faire locaux, mariant protection et attractivité.
- Choix des chantiers : la CdC et Trézence TP ciblent les lieux et périodes où la traction animale démontre le plus fort impact écologique.
- Implication des écogardes : une brigade de terrain dédiée qui supervise, accompagne et prolonge ce travail sur l’ensemble des sites naturels toute l’année.
- Synergies associatives : l’Association des Étangs et Marais, après une période difficile, compte sur la dynamique du projet pour redresser la barre à l’horizon 2025.
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Conseils pratiques : informations et vie locale
- Les habitants et visiteurs peuvent s’informer via des canaux variés : météo, horaires de marées, bus, pistes cyclables et actualités municipales.
- Une newsletter permet de rester connecté à tous les événements, nouveautés et chantiers en cours sur l’île.
- La rédaction du journal local propose également un formulaire de contact pour toute prise d’initiative ou partage d’expérience.
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Tableau récapitulatif des missions de traction animale sur l’île de Ré
Site d’intervention | Travaux réalisés | Bénéfices constatés |
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La Pierre qui Vire (Bois-Plage) | Cassage de fougère aigle | Conservation des habitats ouverts, maintien d’espèces typiques |
Hauts de Turpine (La Flotte) | Arrachage d’arbustes, gestion de la prairie | Préservation de la diversité floristique et faunistique |
Rivedoux-Plage (Conservatoire du littoral) | Déplacement de troncs | Protection des sites contre le stationnement sauvage |
Le Défend (Rivedoux) | Fauchage manuel | Favoriser les espèces des prairies sèches, limiter les repousses indésirables |
Le pari gagnant du vivant
Les premiers pas d’Éole et Kézac sur les chemins de l’île font souffler un vent d’espoir sur la façon d’envisager l’avenir pour les espaces naturels.
Plus qu’un simple retour en arrière, la traction animale s’affirme ici comme une solution moderne, efficace, source d’emplois et d’attractivité, catalyseur de valeurs partagées et héritières du patrimoine vivant rétais.
L’île de Ré, en choisissant ce mode de gestion sans compromis entre performance et respect, prouve que tradition et innovation peuvent marcher… au même rythme que deux chevaux pleins d’allant !