La pêche au chalut, pratique ancienne et emblématique, est aujourd’hui au cœur de vifs débats. Entre traditions maritimes et enjeux écologiques, elle façonne les écosystèmes marins de la France à la Méditerranée et partout en Europe. Mais face à la pression sur la biodiversité et la nécessité de préserver nos ressources, la question de sa durabilité s’impose. ONG comme BLOOM, instituts scientifiques tels que Ifremer et institutions européennes multiplient les alertes et les initiatives. La pêche au chalut peut-elle encore trouver sa place dans un futur respectueux de l’environnement ?
Chalutage : une méthode sous le feu des projecteurs
Des chercheurs de l’Institut Agro ont réalisé une étude approfondie, mettant en lumière les conséquences écologiques sévères du chalutage. Traînant leurs filets sur les fonds marins, les chalutiers laissent derrière eux un paysage sous-marin dévasté, soulevant l’indignation des écologistes. Cette méthode, très répandue en France, en Méditerranée et dans le golfe du Lion, est aujourd’hui scrutée à la loupe par les experts et les défenseurs de la biodiversité.
- Impact environnemental massif : 93% de l’abrasion des fonds marins en France est attribuée aux chalutiers (voir l’étude en vidéo).
- Une surface équivalente : Une superficie annuelle raclée équivalente à celle de la France métropolitaine, de la Suisse et de la Belgique réunies.
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Qu’est-ce que la pêche au chalut ?
La pêche au chalut consiste à traîner un filet conique, appelé chalut, derrière un bateau, le chalutier. Il existe deux grands types : le chalut de fond, qui racle les fonds marins, et le chalut pélagique, qui cible les espèces vivant en pleine eau. Cette technique, apparue dès le Moyen Âge et perfectionnée en France par des figures comme Colbert ou Duhamel de Monceau, s’est largement industrialisée après la Seconde Guerre mondiale, notamment dans des ports comme La Rochelle ou à Terre-Neuve.
Le chalutage est aujourd’hui pratiqué aussi bien par la pêche industrielle que par la pêche artisanale, en pêche côtière ou en haute mer. En Méditerranée, dans le golfe du Lion ou en Atlantique, il représente une part majeure des pratiques de pêche en Europe.
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Techniques et types de chalutage
Il existe plusieurs variantes de chaluts :
- Chalut de fond : traîne sur le fond marin, ciblant baudroie, langoustine, Saint-Jacques, coquillages…
- Chalut pélagique : utilisé en pleine eau pour le hareng, le maquereau, etc.
- Chalut à perche et chalut-bœuf : techniques spécifiques, souvent utilisées pour certaines espèces ou dans des zones particulières.
Les principales zones de pêche au chalut sont la Méditerranée, le golfe du Lion, la Manche et l’Atlantique. Des organismes comme Ifremer et la CGPM (Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée) surveillent l’évolution de ces pratiques et leurs impacts.
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Un impact chiffré
L’impact environnemental du chalutage ne s’arrête pas là. Voici quelques chiffres clés illustrant l’ampleur du phénomène :
Indicateur | Valeur |
---|---|
Pourcentage d’abrasion des fonds marins | 93% |
Surface raclée en France (km²) | 674,000 |
Impacts environnementaux du chalutage
Le chalutage, en particulier le chalut de fond, est pointé du doigt pour ses effets dévastateurs sur les écosystèmes marins : destruction des habitats sous-marins, dégradation des fonds, émissions de CO2 massives et déclin de la biodiversité. Les captures accessoires (dauphins, tortues, oiseaux, espèces non ciblées) aggravent encore le bilan, tout comme la surpêche et la surexploitation de certaines espèces.
Des études relayées par BLOOM, Ifremer ou encore publiées dans Frontiers in Marine Science et par des chercheurs comme Enric Sala ou Juan Mayorga montrent que les zones comme le golfe du Lion, la Méditerranée ou l’Atlantique sont particulièrement vulnérables.
Répercussions économiques et sociales
Sur le plan économique, la pêche au chalut pèse lourd dans la balance financière européenne. Les chercheurs identifient un coût gigantesque allant de centaines de millions à des milliards d’euros chaque année, principalement en raison des émissions de gaz à effet de serre élevées. Sur le volet social, malgré leur contribution significative aux débarquements, les chalutiers déçoivent par leur faible capacité à générer des emplois.
- Poissons débarqués : 63% proviennent des chalutiers.
- Emplois générés : 35,3% des emplois dans le secteur de la pêche concernent les chaluts.
- Ratio emploi/production : Écart de 1 à 10 entre navires côtiers et chalutiers pour les emplois créés par tonne pêchée.
Facteurs économiques
Les tableaux suivants illustrent les impacts économiques de la pêche au chalut :
Élément économique | Valeur |
---|---|
Coûts annuels européens (en euros) | 330 millions – 11 milliards |
Part des emplois liés aux chaluts | 35,3% |
Réglementation et gestion des ressources
Face à ces constats, la réglementation s’est renforcée. L’Union européenne, la France et la CGPM imposent des quotas, des tailles minimales de capture, des périodes de fermeture et des restrictions dans les aires marines protégées (AMP), notamment en Corse ou au large de Nice. Les débats sont vifs : faut-il interdire le chalutage de fond dans certaines zones sensibles ? Les ONG comme BLOOM et Oceana militent pour une gestion plus responsable, tandis que la Commission européenne et l’Ifremer évaluent régulièrement l’état des stocks et l’efficacité des mesures (RMD, PGM, DCR).
Avenir et alternatives durables
Dans cette tempête, une lueur d’espoir émerge. Didier Gascuel, enseignant-chercheur, insiste sur la possibilité de réorienter une partie des quotas de chalutage vers des techniques plus durables. Selon l’étude, 85% des captures actuelles des chalutiers pourraient être réalisées avec des méthodes moins invasives, offrant une qualité gustative supérieure sans impact majeur sur les prix. Les alternatives comme les arts dormants, les casiers ou les lignes sont déjà utilisées par la pêche artisanale et valorisées par des labels comme le MSC.
L’ONG BLOOM lance un appel vibrant à l’action. Elle exhorte les décideurs politiques à initier la transition vers une pêche plus respectueuse de l’environnement, suggérant des mesures pour accompagner les pêcheurs dans cette transition nécessaire. Pour approfondir, consultez les rapports de BLOOM et les études de Ifremer.
Perspectives d’alternatives
Les perspectives d’avenir sont prometteuses, il est donc urgent d’agir pour que la pêche industrielle évolue vers des pratiques écoresponsables.
- Quotas transférables : 85% des captures actuelles des chalutiers de moins de 40 mètres.
- Impact pour le consommateur : Augmentation tarifaire négligeable de quelques centimes, avec une qualité améliorée.
Les consommateurs ont aussi un rôle à jouer en privilégiant les poissons issus de la pêche durable et en s’informant sur la provenance grâce aux labels et aux ressources officielles de la Commission européenne.
FAQ – Les questions fréquentes sur la pêche au chalut
- Quelles différences entre chalut de fond et pélagique ? Le chalut de fond racle le fond marin, le pélagique cible les poissons en pleine eau.
- Quels sont les impacts concrets sur les animaux marins ? De nombreuses espèces non ciblées (dauphins, tortues, oiseaux) sont capturées accidentellement, ce qui menace la biodiversité.
- Pourquoi la pêche au chalut est-elle controversée ? Pour ses effets sur les habitats marins, la surpêche et les émissions de CO2, notamment en France et en Méditerranée.
- Existe-t-il des alternatives plus respectueuses de la biodiversité ? Oui, les arts dormants, casiers et lignes sont moins invasifs.
- Comment s’informer sur la provenance du poisson ? Les labels (comme MSC) et les ressources d’Ifremer ou de la Commission européenne sont de bons points de départ.
Un impératif pour l’action
La situation actuelle commande une action rapide et décisive. Léna Fréjaville souligne le besoin pressant pour le gouvernement de dresser un plan de transition pour le secteur. Avec des enjeux aussi importants, peut-on se permettre d’attendre davantage ? Demain, plus de merveilles marinera-t-il dans une mer plus saine ? La balle est dans notre camp.
Conclusion
La pêche au chalut cristallise les tensions entre traditions, économie et impératifs écologiques. Préserver la biodiversité et les écosystèmes marins tout en garantissant la durabilité de la pêche en France, en Méditerranée et en Europe est un défi collectif. Propriétaires d’animaux, consommateurs ou simples amoureux de la mer, il est temps d’agir pour un océan vivant et des ressources préservées.
Sources et références
- Études et rapports : Ifremer, BLOOM, CGPM, Novethic, MSC
- Liens officiels : Commission européenne, Union européenne, France
- Articles et infographies sur la pêche au chalut et la biodiversité