Heteropoda davidbowie, l’araignée qui viendrait de Mars, vit en Malaisie

Heteropoda davidbowie, l’araignée qui viendrait de Mars, vit en Malaisie

Serait-il possible que des araignées proviennent de Mars et à quoi pourraient-elles ressembler ? Cette question, qui semble tout droit sortie d’un roman de science-fiction, a pris une tournure surprenante quand les scientifiques ont découvert de véritables « araignées géantes » sur la planète rouge – des formations géologiques spectaculaires pouvant s’étendre sur plus d’un kilomètre.

Mais la réalité dépasse parfois la fiction. En 2008, dans les forêts tropicales de Malaisie, un arachnologue allemand découvre une créature aux couleurs orange électriques qui semble incarner cette vision martienne. Son nom ? Heteropoda davidbowie – l’araignée qui évoque immédiatement les « Spiders from Mars » de David Bowie.

Si l’Heteropoda davidbowie ne vient pas littéralement de Mars, son nom n’est cependant pas un hasard. Peter Jäger, l’arachnologue qui l’a découverte, souhaitait attirer l’attention sur les espèces d’araignées menacées tout en rendant hommage à l’icône du rock. Car derrière cette référence pop culture se cache une réalité alarmante : cette « araignée de Mars » pourrait bientôt disparaître de notre planète, avec moins de 500 individus recensés à l’état sauvage.

Une araignée digne de Ziggy Stardust

Quand Peter Jäger, arachnologue au Senckenberg Research Institute de Francfort, observe pour la première fois cette espèce remarquable, il est immédiatement frappé par ses caractéristiques visuelles extraordinaires. Cette araignée-chasseuse de la famille des Sparassidae arbore des poils orange vifs sur son corps et ses pattes rouge-brun, ainsi que des marques rouges éclatantes sur sa face ventrale.

Ces couleurs flamboyantes rappellent instantanément les cheveux orange électriques de David Bowie durant sa période Ziggy Stardust au début des années 1970. Mais la ressemblance ne s’arrête pas là :

  • Sa couleur jaune électrique constitue un trait distinctif rare chez les araignées-chasseuses
  • Son motif coloré frappant permet une identification immédiate, contrairement à ses congénères qui nécessitent un stéréomicroscope
  • Sa pilosité courte et dense, parsemée de longs poils orange brillants, évoque l’esthétique flamboyante du Thin White Duke

« David était immédiatement la star de tous », explique Peter Jäger pour justifier son choix de nommer cette espèce d’après l’icône du rock.

Les dimensions de l’araignée dorée

L’Heteropoda davidbowie présente un dimorphisme sexuel notable :

Sexe Longueur corporelle Caractéristiques
Femelles 21,3 à 25,3 mm Plus grandes, couleurs plus vives
Mâles 15,3 à 18,2 mm Plus petits, motifs moins contrastés

Un hommage musical aux multiples facettes

Le choix du nom scientifique Heteropoda davidbowie n’est pas qu’un simple clin d’œil. Peter Jäger fait explicitement référence à plusieurs éléments de l’univers musical de Bowie qui créent des connexions thématiques fascinantes :

Les Spiders from Mars

L’album emblématique de 1972 « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars » avec son groupe de soutien les « Spiders From Mars » crée un lien direct entre l’arachnide et l’œuvre de Bowie. Cette référence transforme la découverte scientifique en hommage culturel.

Glass Spider

La chanson « Glass Spider » de l’album « Never Let Me Down » de 1987 renforce cette connexion arachnéenne dans l’œuvre de Bowie. L’artiste avait également baptisé une de ses plus grandes tournées « Spider Tour ».

Un visage familier

Selon l’arachnologue, la vue frontale de l’araignée rappelle étonnamment le visage peint de Bowie au début de sa carrière, créant une ressemblance troublante entre l’arthropode et l’artiste.

Un habitat menacé en Asie du Sud-Est

L’Heteropoda davidbowie évolue dans un environnement géographique restreint qui explique sa vulnérabilité :

Répartition géographique

  • Malaisie occidentale (notamment dans le district des Cameron Highlands)
  • Singapour
  • Île de Sumatra en Indonésie
  • Possiblement le sud de la Thaïlande

Écosystème spécifique

Cette espèce vit dans la strate basse du feuillage des forêts tropicales humides. Les adultes se trouvent fréquemment accrochés à l’écorce des arbres, tandis que les juvéniles ont été observés dans la litière de feuilles et sur les feuilles d’arbustes et d’arbres.

Malheureusement, il ne resterait que moins de 500 individus à l’état sauvage, leur habitat insulaire étant défriché pour faire place à des complexes touristiques.

Une stratégie de conservation par la célébrité

Peter Jäger avait un objectif précis en nommant cette espèce d’après David Bowie : attirer l’attention du public sur les espèces d’araignées menacées qui peinent à figurer sur les listes d’espèces protégées.

« Les autorités environnementales hésitent souvent à inclure les araignées dans leurs programmes de conservation, malgré les menaces réelles qui pèsent sur leur habitat », explique l’arachnologue.

Cette stratégie de « piggybacking » sur la célébrité s’avère particulièrement efficace. Jäger a une habitude de nommer ses découvertes d’après des célébrités – politiciens, comédiens et rockstars allemands – mais David Bowie représentait un choix évident pour cette espèce aux couleurs si particulières.

Une différence marquante dans la famille Sparassidae

L’Heteropoda davidbowie se distingue radicalement des autres membres de la famille Sparassidae par plusieurs caractéristiques uniques :

Coloration exceptionnelle

Contrairement à la plupart des espèces de cette famille qui présentent des colorations similaires difficiles à différencier sans équipement spécialisé, cette espèce possède un motif coloré distinctif immédiatement reconnaissable.

Alors que les Sparassidae présentent généralement des couleurs allant du blanc crème au brun foncé ou gris, souvent avec des rayures plus sombres et un motif marbré, l’Heteropoda davidbowie arbore ses couleurs orange et jaune électriques uniques.

Identification simplifiée

Cette coloration vive constitue une exception notable dans une famille où certaines espèces peuvent être vertes ou blanches avec des marques jaunes ou rouges, mais rarement avec une intensité aussi frappante. Cette identification visuelle immédiate contraste avec ses congénères qui nécessitent souvent un examen microscopique détaillé.

Un comportement de chasseuse inoffensive

Comme toutes les espèces de son genre, l’Heteropoda davidbowie est qualifiée d’« araignée-chasseuse des forêts ». Elle est normalement non mortelle pour l’homme, ce qui en fait une espèce relativement inoffensive malgré son apparence impressionnante. Contrairement à certaines araignées présentes en France qui peuvent provoquer des réactions locales, l’Heteropoda davidbowie ne représente pas de danger particulier pour les humains.

La famille Sparassidae comprend des araignées de grande taille avec un corps de 6 à 40 mm et une envergure pouvant atteindre 100 mm, voire plus chez Heteropoda maxima qui détient le record avec 25 à 30 cm d’envergure. Dans ce contexte, l’Heteropoda davidbowie reste de taille modérée mais se démarque par son identification visuelle immédiate.

L’urgence d’une protection

Aujourd’hui, l’Heteropoda davidbowie fait face à une course contre la montre. Avec moins de 500 individus recensés et un habitat en constante régression, cette « araignée venue de Mars » risque de disparaître bien avant que nous ayons pu percer tous ses secrets.

L’histoire de cette araignée aux couleurs de Ziggy Stardust nous rappelle que parfois, il faut emprunter les codes de la pop culture pour sensibiliser à des enjeux environnementaux cruciaux. Car après tout, si les Spiders from Mars ont marqué l’histoire de la musique, l’Heteropoda davidbowie pourrait bien marquer celle de la conservation.

Dans les forêts tropicales de Malaisie, une petite créature orange continue de tisser sa toile, portant fièrement le nom de l’une des plus grandes icônes du rock. Un hommage vivant qui nous interroge : que restera-t-il de nos « araignées de Mars » terrestres si nous ne prenons pas soin de leur habitat ?



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